La riziculture en Camargue, qui a débuté dès le XIIIe siècle, est un pan important de l’histoire agricole française. Relancée sous l’impulsion d’Henri IV au XVIe siècle, elle a connu une évolution remarquable, particulièrement au XXe siècle. Cette culture traditionnelle, aujourd’hui protégée par une IGP, est la deuxième activité économique locale.
Les premières variétés cultivées étaient principalement destinées à l’alimentation du bétail. Aujourd’hui, la diversité est bien plus grande, incluant même le riz trois couleurs prisé des gourmets.
Tables de la recette :
Les débuts de la riziculture en Camargue
L’introduction du riz en Camargue remonte au XIIIe siècle, lorsque cette céréale fait son apparition dans le sud de la France. Les premières traces de riziculture en Provence datent de cette époque, bien que la production soit restée longtemps confidentielle. C’est véritablement au XVIe siècle que la culture du riz commence à s’étendre sous l’impulsion royale.
L’initiative d’Henri IV
En 1593, Henri IV, conseillé par son ministre Sully, ordonne que la culture du riz soit entreprise en Camargue. Cette décision s’inscrit dans une politique agricole ambitieuse visant à diversifier les cultures du royaume. Le souverain perçoit le potentiel des terres humides camarguaises pour cette céréale qui requiert beaucoup d’eau.
Malgré cette volonté royale, les premiers résultats demeurent modestes. Les techniques culturales sont encore rudimentaires et la gestion de l’eau pose problème. On disait alors que “le riz adoucissait et tempérait l’acreté du sang”, mais consommé chaud, il avait la réputation d’affaiblir la vue.
Les challenges des premières rizières
Au XIXe siècle, l’endiguement du Rhône marque un tournant. Les rizières permettent alors d’utiliser l’eau douce du fleuve et contribuent à désaliniser les sols. La riziculture occupe un rôle agricole mais aussi environnemental, en préparant les terres pour d’autres cultures comme la vigne.
L’essor de la riziculture au XXe siècle
La riziculture camarguaise a connu une renaissance spectaculaire au XXe siècle après une période de quasi-abandon. En 1939, la dernière rizière historique disparaît, marquant la fin d’une époque. Mais le gouvernement de Vichy relance cette culture dès 1941, en réponse aux pénuries alimentaires de la Seconde Guerre mondiale.
L’essor d’après-guerre et les travailleurs indochinois
C’est pendant la guerre que des travailleurs indochinois sont envoyés en Camargue pour développer la production rizicole. Cette main-d’œuvre, souvent réquisitionnée de force, a joué un rôle déterminant dans l’expansion des surfaces cultivées, qui passent de 200 hectares en 1942 à 6 500 hectares en 1949.
Avec le Plan Marshall qui finance d’importantes infrastructures hydrauliques, les surfaces explosent pour atteindre 32 000 hectares en 1950, faisant de la Camargue un territoire rizicole majeur en France et en Europe.
Challenges contemporains et reconnaissance
En 2014, la culture régresse à 12 000 hectares suite à la baisse des subventions européennes. La reconnaissance par une IGP en 2000 a néanmoins préservé l’identité géographique de ce produit, en garantissant son ancrage camarguais et ses méthodes de production.
Un produit d’exception : le riz de Camargue aujourd’hui
L’Indication Géographique Protégée (IGP) marque un tournant pour le riz de Camargue. Cette reconnaissance garantit aux consommateurs la provenance camarguaise et le respect des procédures de qualité. L’IGP s’étend sur 15 communes des Bouches-du-Rhône et du Gard, formant un triangle entre Aigues-Mortes, Port-Saint-Louis-du-Rhône et Tarascon.
Les riz qui font la renommée de la Camargue
Le riz camarguais se décline en plusieurs catégories : rond, demi-long, long et très long. La palette de couleurs est également diversifiée avec des riz blancs, rouges, bruns ou noirs. Le riz rouge de Camargue, issu d’une mutation naturelle, offre un goût subtil très apprécié des gourmets.
L’essentiel à retenir sur la riziculture camarguaise
La riziculture en Camargue, forte de plusieurs siècles d’histoire, continue d’évoluer. Les producteurs locaux misent désormais sur la qualité et la distinction de leur produit, notamment grâce à l’IGP obtenue en 2000. Cette adaptation constante permettra sans doute au riz de Camargue de conserver sa place dans le patrimoine agricole français tout en répondant aux attentes des consommateurs modernes en matière de qualité.
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